Extrait de formation : on vous décrypte une parole de participant·e
En début de mois, lors d’une formation Lutte contre le sexisme à destination de conseillier·es emploi, on commence la matinée par identifier les normes de genre. Au cours des échanges, un·e participant·e témoigne :
“Moi j’ai toujours dis à ma fille : “soit un garçon””.
Cette phrase vous parait anodine ? Ou au contraire elle vous tracasse ?
Et c’ééééést parti pour un petit décryptage ! Voyons ensemble ce qui se cache derrière et ce qu’on peut en tirer ! ⏬
Le contexte :
Lea participant·e explique qu’iel a toujours encouragé sa fille à “être un garçon” : c’est à dire être indépendante, libre, capable de bricoler, de faire du sport…
L’intention de la personne :
Cette phrase montre que lea participant·e a identifié les inégalités de genre et cherche à exprimer :
- La conscience du poids des normes de genre et qu’”être une fille” implique des injonctions et des comportements attendus bien différents que lorsqu’on “est un garçon”
- La conscience d’une hiérarchie entre les normes masculines et féminines et du fait que les comportements étiquetés comme masculins permettent d’accéder à une liberté et des opportunités plus grandes
- Le souhait d’encourager sa fille à se détacher des normes de genre qui lui sont assignées et de lui ouvrir la possibilité de se comportement au delà des attendus sociaux.
Pourquoi ca pose problème :
- Cette réflexion participe à voir des caractéristiques masculines comme valorisantes et des caractéristiques féminines comme dévalorisantes, dans la même veine que :
– “garçon manqué” : être une fille qui est sportive, ou s’habille d’une certaine façon ou a du caractère c’est presque être un garçon mais quand même un peu moins, raté !
– “t’es pas comme les autres filles” (sous entendu tu es mieux) : on valorise une personne en dévalorisant toutes les “autres filles”
Tout cela renforce une norme dans laquelle le masculin = valorisé et le féminin = dévalorisé
Mais attention ! C’est pas si simple car sinon tout le monde irait vers le masculin.
On est également dans une société binaire où des rôles sociaux sont attribués à chaque genre. La transgression des rôles de genre est socialement réprimandée voir violentée.
Par exemple, une femme assertive en milieu professionnel sera condamnée comme “colérique” alors qu’un homme assertif sera valorisé et inspirera confiance.
De même, une femme qui privilégie sa carrière à sa vie de famille peut se retrouver critiqué voir dénigrée en tant que “mauvaise mère” et “personne égoïste”.
Ces reproches agissent comme des rappels à l’ordre, ils participent à maintenir les rôles de genre en place. Au bénéfice de celleux qui y correspondent.
Comment formuler l’idée autrement :
- Se détacher du genre et valoriser la jeune pour ses capacités concrètes ( son courage, sa gestion du stress), ainsi que lui conseiller/souhaiter des choses plus tangibles : être heureuse, toujours être sa propre priorité, s’épanouir professionnellement etc…
Ces conseils sont aussi applicable au milieu professionnel : je vous conseille de les avoir en tête lorsque vous êtes en position de management notamment.
Ce qui n’empêche en aucun cas d’échanger avec elle sur les injonctions sociales en tant que femmes, le poids que ces injonctions pèse et ce à quoi on se heurte lorsqu’on s’en éloigne !
Ce décryptage te rappelle des discussions/ des situations du même genre ? N’hésite pas à les partager en commentaires ⬇️