Lutter contre l’homophobie au travail

L’homophobie au travail est bien présente. En tant que collaborateur-ice, que manager, que RH, il est essentiel de tout mettre en place pour lutter contre. Voyons ensemble clairement de quoi il s’agit et quels outils appliquer pour rendre son entreprise inclusive !

L’homophobie c’est quoi ?

L’homophobie est la contraction de homosexualité et du suffixe -phobie. Ce dernier signifie au sens propre le rejet de, la haine de. Il est important de voir que l’homophobie ce ne sont pas que des comportements individuels mais bien des comportements collectifs, qui s’inscrivent dans un système hétérosexiste. C’est à dire, un système où on hiérarchise les orientation sexuelles, avec l’hétérosexualité vue comme supérieure et comme norme de société.

Et l’homosexualité c’est quoi exactement ? C’est un mot pour exprimer le fait d’avoir une orientation sexuelle et/ou amoureuse en direction de personnes du même genre que soit.

Ainsi l’homophobie peut s’illustrer par des propos, des violences à l’égard des personnes homosexuelles, mais également du rejet de comportements qui ne correspondent pas à la norme hétérosexuelle.

On parle plus largement de LGBT+phobie pour désigner l’ensemble de comportements et de normes qui véhiculent de l’homophobie, de la biphobie, de la lesbophobie et de la transphobie.

Pourquoi parler d’homophobie au travail ?

Un autre chiffre important : 40% des personnes LGBT se sont pas “out” au travail. Cela signifie qu’elles cachent leur orientation amoureuse et sexuelle, soit en restant vagues, soit en mentant. Cela, dans le but de se protéger d’agressions et de discriminations. Cet évitement, qui est provoqué par l’homophobie, doit être pris en compte pour relativiser les chiffres des agressions. Ils seraient malheureusement surement plus élevés si plus de personnes LGBT+ étaient visibles ?

Comment se manifeste l’homophobie au travail ?

Des propos homophobes

On connait malheureusement toustes des insultes homophobes. Il faut savoir que les blagues sont aussi des agissements homophobes, à partir du moment où elles infériorisent ou humilient une personne en lien avec son orientation amoureuse et sexuelle. Et ce, même si elles ne visent personne en particulier. Cela participe en effet à une culture d’entreprise homophobe, qui joue sur la sécurité des équipes.

Des comportements homophobes

Par comportement on entend : des regards et des gestes sexualisants, par exemple. En effet, une des manifestation la plus fréquente de l’homophobie est la sexualisation de la personne. Cela peut mener à des propos comme “j’ai pas envie de savoir avec qui tu couches” lorsqu’une personne donne une information sur son homosexualité : son-sa conjoint-e par exemple. C’est un comportement très violent qui nie que l’homosexualité, à l’instar de l’hétérosexualité, parle de sentiment amoureux, de famille, de pratiques sociales, bien avant de parler de sexe.

Des normes

Notre société est régie par des normes. Ce sont des standards de société, selon lesquels des comportements, des habitudes et des identités sont vues comme “normales” et d’autres atypiques, voir déviants. Plus on s’éloigne de la norme, plus on risque de subir de l’exclusion, voir des violences physiques ou morales. Dans notre société, la norme est profondément binaire (hommes/femmes) et hétérosexuelles (et les rapport H/F sont régis sous le prisme de l’hétérosexualité).

Ainsi, une des normes va être de demander à une femme si elle a un copain/ un conjoint. De même qu’une femme qui demande un congé parentale n’étant pas elle-même visiblement enceinte, va susciter des surprise et des questionnement : la norme suppose qu’en tant que femme c’est elle qui doit être enceinte, sans laisser la possibilité qu’il soit “normal” que sa compagne puisse porter un enfant.

Des cyberviolences

Les violences en ligne ne sont pas à oublier ! Le cyberharcèlement sur les réseaux, par des inconnus cachés derrière un pseudo. Mais également des sms, des emails offensant de la part de collègues ! Et oui, les cyberviolences au travail existent aussi et il est de la responsabilité de l’employeur de lutter contre.

Des violences physiques et sexuelles

L’homophobie tue. Elle peut amener à des comportements de violence physique et sexuelle et l’espace de travail n’en est pas exempté. Formez vos salariés, créez des canaux de signalement, et restez à l’écoute du bien-être de vos salariés. Retrouvez juste en dessous nos conseils pour former ses équipes et adopter un plan d’action.

Des discriminations

Être exclu d’un processus de recrutement. Se voir refuser une promotion. Être éloigné des clients et de public, pour ne pas “les mettre mal à l’aise”. Autant de comportements discriminatoires homophobes qui sont interdits sur le lieu de travail et ont des conséquences concrètes sur la santé mentale et physique et sur la situation économique de la victime.

Ces différentes manifestations de l’homophobies peuvent être exacerbées ou cumulées avec des violences et des préjugés sexistes, notamment envers les lesbiennes de façon spécifique. C’est ce qu’on appelle la lesbophobie. Retrouvez ici l’article dédié à la lesbophobie.

Lutter contre l’homophobie au travail

Former ses équipes

C’est l’action n°1 à mettre en place : intégrer la lutte contre l’homophobie à votre plan de formation. Il faut dans un premier temps former les référent-es harcèlement/ égalité. Ensuite former les manager et toute personne au contact du public. Enfin, si vous pouvez faire bénéficier de formation à la lutte contre l’homophobie à toustes vos salarié-es, c’est vraiment souhaitable.

La formation à la lutte contre l’homophobie au travail a deux effets majeurs :

• permettre à vos équipes de comprendre que beaucoup de leurs comportements qu’elles peuvent penser “bienveillant” ou “humoristique” sont de l’homophobie banalisée. Cela va permettre de poser des limites collectives sur les comportements acceptables et non-acceptables dans l’entreprise.

• envoyer un signal aux personnes LGBT, qu’elles soient out ou pas : cette entreprise se sent concernée par la lutte contre l’homophobie et met des choses en place pour assurer votre sécurité et votre épanouissement professionnel.

Adopter un plan d’action pour lutter contre l’homophobie au travail

Il est nécessaire que vous ayez un plan d’action avec des objectifs. Sinon vous risquez de faire un coup de com’ puis être rattrapées par les “urgences” et les “priorités” du quotidien au travail. Le problème c’est que ce genre d’action est toujours vue comme secondaire et malheureusement trop peu adressée.

Fixez vous des objectifs et tenez-vous y. Cela peut être : que 50% des salarié-es soient formé-es à la lutte contre l’homophobie au travail d’ici 1 an. Ou par exemple, diffuser un questionnaire demandant aux salarié-es de faire remonter des situations homophobes (LGTBphobes au sens large aussi) et s’engager ensuite sur des actions en réponse aux remontées du questionnaire.

Traiter et prendre au sérieux les signalements d’homophobie au travail

Vous aurez beau avoir un plan d’action solide face à l’homophobie, si vous ne prenez pas au sérieux tous les signalements, vous passerez à coté de votre mission d’assurer la sécurité des équipes.

Si vous n’êtes pas vous même victime d’homophobie, il y a peut être des choses que vous ne comprendrez pas, et que vous ne considérerez pas comme homophobes. D’où l’importance de se former. D’où l’importance également de prendre au sérieux les signalements lorsque vous en recevez.

Ainsi, si un-e salarié-e vous fait remonter des situations ou des propos qu’elle qualifie d’homophobes. Même si cela vous parait banal, il est important de traiter ce signalement sérieusement.

Assurer la sécurité des équipes

En tant qu’employeur vous avez la responsabilité d’assurer la sécurité de vos équipes. La lutte contre l’homophobie au travail en fait pleinement partie. Cela passe passe par :

• sensibiliser
• prévenir
• avoir un protocole de gestion des violences lgbtphobes
• avoir des canaux de signalement identifiés (c’est à dire, si je subis telle situation, à qui puis-je en parler?)
• traiter et sanctionner les cas d’homophobie
• accompagner les victimes d’homophobie