Egalité professionnelle, mixité de genre, parité, de quoi parle-t-on ? Pourquoi ces thèmes ont ils une importance particulière dans l’accès à l’emploi et dans l’évolution professionnelle ? Toutes les infos dans cet article !
Mixité de genre : définition
Mixité signifie mélange. On peut l’utiliser au sens de mixité sociale : un groupe composé d’individus dont les identités ne sont pas socialement homogènes.
Cependant, la plupart du temps, et notamment dans un contexte lié au monde du travail, la mixité se rapporte au genre des personnes présentes dans un groupe.
On a tendance à parler d’un métier, ou d’une branche professionnelle mixte, à partir du moment où entre 40% et 60% d’un genre y est représenté. Ainsi, le métier d’employé du secteur de la restauration, qui compte 44,8% de femmes, est un métier mixte, tandis que celui de chef cuisinier, occupé à 83% par des hommes, ne l’est pas.
Mixité, égalité, parité quelles différences ?
Egalité
Il est important de distinguer l’égalité de droit et l’égalité de fait. Aujourd’hui, l’égalité de droit est acquise en France, au sens ou les femmes et les hommes ont les mêmes droits devant la loi.
N’oublions pas qu’il existait avant des différences légales de traitement, au sens où la loi établissait la possibilité d’une inégalité de traitement entre des individus, avec par exemple de l’exclusion des femmes du droit de vote.
Malgré cette égalité devant la loi, il existe encore de nombreuses inégalités de fait. Ce sont des inégalités qui sont observables. Pour en citer quelques unes :
- L’écart de salaire moyen entre les femmes et les hommes s’élève à 23,5%
- L’écart de salaire à temps de travail égal s’élève à 14,9%
- Seulement 34% du temps de parole à la télévision et à la radio est féminin
- 79% des femmes subissent des attitudes et décisions sexistes au travail
Face à ces nombreuses inégalités de fait, l’égalité reste un horizon à atteindre. L’égalité de traitement, l’égalité d’opportunités, la possibilité de faire des choix, en sont des composantes nécessaires.
Pour atteindre cet horizon d’égalité, on peut utiliser des moyens comme la parité et la mixité de genre.
La parité
La parité vient du mot “pair”, c’est une notion qui suppose d’une représentation numériquement égale, d’hommes et de femmes dans un groupe. Ainsi, on parle de “parité dans un conseil d’administration”. La parité c’est 50/50.
La parité peut paraître une notion très contraignante, mais il faut la considérer comme un levier.
Les femmes sont encore massivement exclues des espaces de décision, aussi bien politiques que économiques. Un exemple : elles ne représentent que 20% des chefs d’entreprise de 500 salariés et plus.
Face à cela, des mesures pour favoriser la parité sont importante car elles permettent que des efforts soient faits pour une plus grande présence des femmes dans les espaces de pouvoir. Ainsi, la loi Rixain impose des quotas dans les postes de direction des grandes entreprises à horizon 2030 : 40 % de femmes cadres dirigeantes, sous peine de pénalités financières pour les entreprises.
Cette contrainte pour les entreprises est nécessaire pour lever les freins qui empêchent les femmes d’accéder au pouvoir (stéréotypes de genre, violences sexistes) et favoriser leur présence et leur visibilité dans les instances dirigeantes (pour normaliser le fait que les femmes ont toute leur place dans ces espaces. Normalisation nécessaire aussi bien auprès des hommes, qu’auprès des autres femmes qui peuvent s’y identifier).
Ainsi, dans le futur, lorsque la parité sera atteinte, elle ne sera plus nécessaire d’être imposée aux entreprises.
La mixité de genre
La mixité de genre est une notion un peu plus souple que la parité, dans le sens ou elle s’intéresse à des volumes plus grands. On parle de mixité d’une branche professionnelle, d’un métier ou d’un sport. Ainsi, alors que le 50/50 de la parité est pertinent dans les petits groupes comme des conseils d’administration, elle l’est moins sur des grands volumes. On parle de mixité, à partir de 40% d’un genre qui est représenté dans un groupe.
La non-mixité de genre dans l’emploi
L’emploi concentre de nombreuses inégalités et mérite que l’on s’intéresse à l’absence flagrante de mixité de genre dans certains domaines.
Les métiers non-mixtes
Connaissez-vous les métiers qui sont occupés à plus de 90% par des femmes ? Faire l’exercice de réfléchir avant de cliquer sur le menu déroulant ci-dessous. Il y a de grande chance que vous les trouviez tous !
Les métiers essentiellement exercés par des femmes
- Métiers de la petite enfance
- Métiers de l’aide à la personne
- Métiers du nettoyage
- Métiers du secrétariat
- Métiers du soin (aide soignante)
Vous aviez trouvé la majorité? Pourquoi l’exercice est-il si facile à votre avis? C’est bien parce que ces métiers correspondent aux rôles sociaux de genre que l’on attribue aux femmes. Ce sont des comportements, des qualités, qu’on attribue aux femmes sur la base de stéréotypes de genre. Ici, la capacité à prendre soin des autres, à entretenir un intérieur, à être “maternelle”.
Les métiers occupés majoritairement par des hommes, eux, sont en grande majorité des métiers techniques du BTP, de l’industrie. Egalement les métiers du numérique et de la sécurité.
La “ségrégation professionnelle”
Le Laboratoire de l’égalité parle de ‘”ségrégation professionnelle” pour évoquer les métiers cités plus hauts, qui sont nettement répartis par genre.
En plus de cela, on observe que les femmes sont cantonnées à des typologies de métiers très restreintes. Leur horizons professionnels sont assez limités. En effet, alors que l’INSEE répertorie 87 familles de métiers, la moitié des femmes se concentrent sur seulement 12 d’entre-elles !
Les impacts de la non mixité de genre
Ainsi, dans monde du travail, la mixité de genre est encore très loin d’être atteinte. Quels impacts cela crée ?
Les métiers les plus précaires sont occupés par des femmes
On a vu plus haut que les femmes se concentraient sur les métiers du soin et du service, tournés vers les autres et que cela était du notamment à la persistance des rôles sociaux genrés. Il est également très important d’identifier que ces métiers sont sources de précarité économique.
- Précarité salariale
On observe une différence importante entre les salaires que l’on touche lorsqu’on occupe un métier “dit féminin” et un métier “dit masculin”. Les salaires des métiers majoritairement féminisés sont inférieurs de 19% ! Pourquoi cet écart ? Les deux points suivants l’expliquent : - Dévalorisation économique
Les métiers “dits féminins”, sont des métiers qui sont très proches de ce qu’on appelle le “travail domestique”. Le travail domestique est un travail fait gratuitement, qui consiste à prendre soin du foyer, de son organisation, de son entretien, ainsi que de l’éducation des enfants. Ce travail gratuit est encore majoritairement effectué par les femmes dans notre société. Ainsi, les métiers qui ressemblent à ce travail gratuit, sont largement sous-valorisés économiquement car on est accoutumé au fait que le femmes exercent ces tâches sans rémunération. - Temps partiels subi
80% des emplois à temps partiel sont occupés par les femmes. Evidemment cela a un impact sur le salaire touché par celles-ci. Cependant, une nuance est importante : celle du temps partiel “subi”. On appelle “subi” la situation des personnes étant en emploi à temps partiel et déclarant vouloir travailler à temps plein, mais n’en étant pas en capacité, soit parce que leur employeur s’y oppose, soit parce que leur métier ne le permet pas. C’est le cas par exemple des métiers de l’aide à la personne, où les temps de déplacement ne sont pas rémunérés, et dont le travail est à temps partiel et rémunéré comme tel, alors qu’il compte de nombreux déplacements qui finalement occupent les journées entières. Autre exemple, le métier d’agent-e de cantine, qui par nature, n’existe qu’à temps partiel, sur le créneau du midi dans les écoles.
On voit ici que la non mixité de genre est source d’inégalités économiques fortes. Les femmes sont plus susceptibles d’être exclues de l’accès au pouvoir économique et cela a des conséquences.
L’importance d’égalité d’accès au pouvoir économique
Le pouvoir économique regroupe le pouvoir d’achat et le pouvoir d’agir sur la société. La non mixité de genre dans l’accès à l’emploi créé des inégalités d’accès au pouvoir économique.
Cela entraine une dépendance forte des personnes qui en sont exclues : dépendance aux aides sociales, dépendance aux conjoint-es ou aux enfants. En cas de violence par exemple, cette dépendance est très dangereuse, car elle peut empêcher la victime de s’éloigner ou même de s’opposer, car sa capacité économique ne permet par de s’indépendantiser de la relation.
L’intéret de parler de mixité de genre dans son entreprise
La mixité de genre est donc un sujet important dans le milieu professionnel. Intéressez-vous à votre métier, à votre entreprise. Quel est la répartition de genre globale? Quelle mixité de genre dans les postes à responsabilité ? Qui occupe les métiers de service aux autres ? Qui est à temps partiel ? Qui parmi les personnes avec les plus hauts salaires ?
Si votre entreprise est non-mixte, vous pouvez mettre en place des mesures pour favoriser le recrutement du genre le moins représenté. Mais attention, atteindre une mixité de genre dans vos effectif n’est pas garant de l’égalité de traitement, de l’égalité de salaire, et de la lutte contre les agissements sexistes.
Découvre les bonnes pratiques dans ce guide !
11 situations de VSS au travail et comment réagir
(c’est gratuit et consultable en ligne)