Être victime de sexisme peut recouvrir de nombreuses réalités différentes. Pour comprendre l’ampleur de cette oppression en France, rien de mieux que des statistiques. En plus de faire le tour du sujet, cela permet d’avoir des éléments tangibles sur lesquels se reposer lors d’une discussion. Le problème, c’est que les statistiques, on ne compte plus les rapports qui en produisent. L’information est dispersée et parfois difficile à trouver. Alors, pour toi, on a tout réuni dans un seul et unique article.
Victimes de VSS : quels sont les chiffres ?
Nous avons ici une définition large des VSS (violences sexistes et sexuelles). Ici, ces violences incluent directement les agissements sexistes (qui comprennent les remarques sexistes et essentialistes) mais également les discriminations, à savoir les inégalités de traitement, en lien avec le genre. Ces deux point seront abordés dans la première sous partie intitulé : “victime de comportements sexistes”. Pour le reste, il s’agira de traiter des violences sexuelles.
Victime de sexisme : les comportements sexistes
Selon le rapport 2023 du HCE (Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes) directement basé sur les déclarations des francais·es, les comportements sexistes sont très largement répandu :
- 93 % des français·es estiment que les femmes subissent des inégalités de traitement dans au moins une des sphères de la société (travail, espace public, école, famille…).
- 80 % des femmes ont déjà eu l’impression d’avoir été moins bien traitées en raison de leur sexe.
- 57 % des femmes ont déjà subi des blagues ou remarques sexistes.
- 41 % des femmes ont déjà subi des sifflements et gestes déplacés de la part d’un homme.
- 38 % des femmes ont déjà connu des situations de « mansplaining ».
- 29 % des femmes ont déjà subi des remarques faites sur leur tenue ou physique.
Le ministère de l’intérieur rapporte dans son enquête auprès de la population : “Les victimes du sexisme en France – Interstats Analyse N°40” qu’en 2018, hors du cadre familial :
- 1 392 000 femmes ont été victime d’injures en raison du genre
- Un chiffre qui correspond à 6% des femmes en France
- Cela représente 89% des victimes d’injures en raison du genre.
Du côté des plaintes, le ministère de l’intérieur rapporte qu’en 2022 :
- 2200 outrages sexistes ont été enregistrés.
Victime de sexisme : le harcèlement sexuel
Selon l’Étude nationale de la délégation aux victimes sur les morts violentes au sein du couple (2017) réalisé par le ministère de l’intérieur :
- Environ 1 million de femmes ont été confrontées au moins une fois à une situation de harcèlement sexuel au travail ou dans les espaces publics en 2017.
- Soit environ 4,3% d’entre elles.
Selon une enquête de l’Ifop sur le harcèlement sexuel :
- 32% des femmes sont victimes de harcèlement sexuel au travail selon le sens juridique du terme au moins une fois dans leur carrière.
- Par contre, seul 22% d’entre elles ont l’impression d’avoir déjà vécue une situation d’harcèlement sexuel au travail.
Victime de sexisme : agression sexuelle et viol
Selon l’enquête Cadre de vie et sécurité chaque année, entre 2011 et 2018, environ :
- 200 000 personnes âgées de 18 à 75 ans sont victimes de violences sexuelles
- Dans 91% des cas de violences sexuelles, les femmes connaissent les agresseurs.
- Parmi elles, 27 % ont subi un viol
- 16 % ont subi une tentative de viol
- Soit environ 86 000 viols et tentatives de viols par an.
- 29 % des attouchements du sexe
- 28% relève d’autres agressions sexuelles
- 77% des victimes sont des femmes
- 44% des victimes sont des jeunes de moins de 29 ans
L’enquête VIRAGE de 2016, qui a interrogé plus de 27 000 femmes et hommes de 20 ans à 69 ans sur des entretiens de plus de 1h permet de mettre en avant les éléments suivants :
- 99% des viols commis sur des femmes et des enfants sont commis par des hommes.
- Ces violences ont concerné 14,5 % des femmes âgées de 20 à 69 ans au cours de leurs vies.
- Ces violences ont concerné 3,9 % des hommes âgés de 20 à 69 ans au cours de leur vie.
Du côté des condamnations pour viol, selon le ministère de la justice, entre 2011 et 2016, il y a eu :
- Entre 1 000 et 1 250 condamnations pour viols
- Soit un peu plus de 1% des viols et tentatives de viols déclarés qui sont condamnés si l’on compare ces statistiques à celles de l’enquête Cadre de vie et sécurité.
Victime de sexisme : violences conjugales
Selon le SSMSI (service statistique ministériel de la sécurité intérieure), en 2022 :
- Il y a eu 244 000 victimes de violences conjugales.
- 86% des victimes de ces violences sont des femmes.
- 87% des mis en cause pour ces violences sont des hommes.
- 66% des violences conjugales sont des violences physiques.
- 30% des violences conjugales sont des violences verbales ou psychologique.
- 4% des violences conjugales sont des violences sexuelles.
Que faire pour accompagner une victime de sexisme ?
Si tu es amené·e à accompagner une victime de violences sexistes et sexuelles, je te conseille cet article que nous avons rédigé sur le sujet : Victime de sexisme : que faire et comment accompagner ?
Statistiques sexisme au travail
Le travail est un des espaces dans lequel le sexisme est le plus présent. C’est d’autant plus important d’avoir des éléments sur ce sujet que c’est la source des inégalités économiques entre les hommes et les femmes.
Statistiques sexisme : Discrimination
Selon le rapport sur les discriminations édition 2023 de l’observatoire des inégalités, il est difficile d’observer de la discrimination à l’embauche selon le genre.
Victime de sexisme : Métiers genrés
Malgré cette absence de discrimination à l’embauche, de nombreux métiers sont très genrés. Selon l’Insee, en 2019, parmi les métiers très féminisés, on retrouve :
- La profession d’esthéticienne avec 98% d’effectifs féminins.
- Le métier d’aide à domicile et aide ménagère (95,6%).
- La profession de secrétaire (95,2%).
- Le métier d’assistante maternelle et gardienne d’enfants (94,1%).
- La profession d’assistante dentaire, médicale et vétérinaire (93,4%).
Au contraire d’autres métiers sont presque exclusivement masculins :
- Les maçons qualifiés (0,4% des effectifs féminins).
- Les électriciens qualifiés de type artisanal (0,8% féminins).
- Les monteurs qualifiés en agencement, isolation (0,8%).
- Les ouvriers des travaux publics (1%).
- Les mécaniciens qualifiés en maintenance, entretien et réparation automobile (1,1%).
Si on se penche sur les métiers les mieux rémunérés, les femmes sont largement sous-représentées. Elles ne représentent que :
- 20% des chefs d’entreprise de 500 salariés et plus (14.790 euros de salaire moyen en équivalent temps plein)
- 29,4% des cadres d’état-major administratifs, financiers et commerciaux (10.090 euros)
- 17,5% des chefs de moyenne entreprise (8950 euros)
- 10,6% des officiers et cadres navigants techniques et commerciaux de l’aviation civile (8850 euros)
Si ces chiffres ne s’expliquent pas par la discrimination à l’embauche, il faut appréhender le rôle des socialisations de genre pour les comprendre. On remarque que les métiers féminisés sont souvent liés à des caractéristiques associées au féminin comme le soin porté à l’autre ou les tâches ménagères et domestiques. Or les compétences les plus valorisés sur le plan salariale sont associés à des caractéristiques prétendument masculine comme le commerce, la prise de responsabilité ou le leadership. En grandissant dans des environnements dans lesquels la norme est ainsi faite, pas besoin de discrimination à l’embauche pour que les femmes se tournent vers les métiers associés aux compétences pour lesquelles elles ont été valorisées tout au long de leurs parcours.
Victime de sexisme : Inégalités salariales et temps partiels
Ce constat explique en partie les inégalités salariales. Sur ce plan, l’Insee nous donne également certains chiffres intéressants pour l’année 2022 :
- L’écart de salaire moyen entre les femmes et les hommes s’élève à 23,5%
- L’écart de salaire à temps de travail égal s’élève à 14,9%
- L’écart de salaire à temps de travail égal et poste comparable s’élève à 4%
Cela permet de comprendre que les femmes sont plus souvent embauchées sur des emplois à temps partiels, et, comme nous l’avons vu précédemment, qu’elles sont sous-représentées dans les métiers les mieux rémunérés. Concernant les temps partiels, l’enquête emploi de l’Insee de 2020, nous explique que :
- 79,5% des employé·es à temps partiels sont des femmes.
- 28,7% des employées féminines le sont à temps partiels.
D’après l’observatoire des inégalités :
- 26% des femmes à temps partiels le subisse et souhaiteraient travailler plus.
Victime de sexisme : VSS au travail
Être victime de sexisme sur son lieu de travail est également un facteur important à prendre en compte en lien avec les inégalités économiques.
Selon le baromètre #StOpE de l’AFMD (Association Française des Managers de la Diversité) qui s’est intéressé au sexisme ordinaire dans un panel d’entreprises signataires en interrogeant 88 560 salarié·es :
- Pour 79% des femmes, les attitudes et décisions sexistes sont régulières au travail.
- 3/4 des femmes ont été exposées à des blagues sexistes au travail.
- 6 femmes sur 10 ont déjà entendues des propos dégradants se basant sur des stéréotypes de la féminité.
- Près de 7 femmes sur 10 ont déjà entendues des propos stéréotypés à l’encontre des femmes managers.
- Près de 7 femmes sur 10 expliquent que la maternité est vue comme un problème pour l’entreprise et un “handicap” pour leurs carrières.
- 50% des femmes jugent ne pas avoir reçu d’augmentation, de promotion ou de prime en raison de leur genre au moins une fois durant leur carrière.
11 situations de VSS au travail et comment réagir
(c’est gratuit et consultable en ligne)
Statistiques sexisme : Sous-représentation dans la société
Les minorités de genre sont également sous-représentées dans certains espaces clés de la société.
Statistiques sexisme : en politique
Selon le rapport 2023 de l’Observatoire des inégalités, les femmes représentent :
- 37,3% des députées
- 36,2% des sénatrices
- 20,1% des maires
- 45,0% des conseillères municipales
- 20,0% des présidentes de conseil départemental
- 51,1% des conseillères départementales
- 31,6% des présidentes de conseil régional
- 48,8% des conseillères régionales
- 49,4% des députées françaises au Parlement européen
Selon une étude de l’Arcom, en 2023 :
- Les femmes occupent seulement 26% du temps de parole politique à la télévision et à la radio.
Statistiques sexisme : dans les médias
La même étude de l’Arcom nous explique :
- Qu’on parle beaucoup plus des hommes que des femmes à la télé et à la radio avec 69% des prénoms cités qui sont des prénoms masculins.
- Seulement 34% du temps de parole à la télévision et à la radio est féminin.
Le rapport du HCE sur le numérique de 2023 met également en avant que :
Sur Instagram,
- 68% des contenus propagent des stéréotypes de genre.
- 27% des contenus contiennent des propos à caractère sexuel.
- 22% des contenus contiennent des propos à caractère sexiste.
Sur YouTube,
- 24% des contenus contiennent des éléments de violence.
- Seulement 8% des vidéos sont faites par des femmes.
Sur TikTok,
- 61% des vidéos présentent des comportements stéréotypés masculins.
- 42,5% des séquences d’humour et divertissement contiennent des représentations dégradantes des femmes.
Victime de sexisme au foyer
Le foyer est également un espace privilégié pour être victime de sexisme. Le rapport annuel sur l’état du sexisme en France du HCE rapporte que :
- 41 % des femmes déclarent vivre un déséquilibre dans les tâches ménagères.
- 70% des femmes estiment avoir été traitées différemment de leurs frères au sein de la famille.
De plus, selon une enquête de l’Insee de 2010 :
- Les femmes consacrent en moyenne 1h26 par jour de plus que les hommes aux tâches domestiques.
Et voilà pour l’article : “Victime de sexisme en France : toutes les statistiques 2024”. J’espère que tu as pu trouver les statistiques que tu recherchais.